Citationssimilaires : L'homme n'est qu'un roseau, le plus faible de la nature ; mais c'est un roseau pensant. Il ne faut pas que l'univers entier s'arme pour l'Ă©craser : une vapeur, une goutte d'eau suffit pour le tuer. Mais, quand l'univers l'Ă©craserait, l'homme serait encore plus noble que ce qui le tue, parce qu'il sait qu'il meurt, et l Pascal? 781 fragments qui hantent la littĂ©rature française et notre langage courant : Le cur a ses raisons que la raison ne connait pas , L'homme n'est ni ange ni bĂȘte et le Almora- L'HOMME EST UN ROSEAU PENSANT - Livre - livre ou ebook sur la spiritualitĂ©, la religion, le bouddhisme, le yoga Celuici peut sembler un peu Ă©trange, mais si vous voulez qu'un homme s'intĂ©resse Ă  vous aprĂšs avoir couchĂ© avec lui, vous devez faire marche arriĂšre et vous assurer que c'est lui qui vous contacte. Tenez-vous-en au plan consistant Ă  lui faire correspondre texte pour texte. Ne commencez pas Ă  envoyer des SMS comme un fou simplement citation1. L' homme est un roseau pensant inconsolable et gai. Inconsolable et gai (1995) de. Guy Bedos. RĂ©fĂ©rences de Guy Bedos - Biographie de Guy Bedos. Plus sur cette citation >> Citation de Guy Bedos (n° 44595) - Ajouter Ă  mon carnet de citations. Notez cette citation : - Note moyenne : 4.62 /5 (sur 467 votes) UBYrdk. Texte Quand je m’y suis mis quelquefois Ă  considĂ©rer les diverses agitations des hommes et les pĂ©rils et les peines oĂč ils s’exposent, dans la cour, dans la guerre, d’oĂč naissent tant de querelles, de passions, d’entreprises hardies et souvent mauvaises, etc. , j’ai dit souvent que tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir plus demeurer en repos dans une chambre
. Mais quand j’ai pensĂ© de plus prĂšs, et qu’aprĂšs avoir trouvĂ© la cause de tous nos malheurs, j’ai voulu en dĂ©couvrir la raison, j’ai trouvĂ© qu’il y en a une, bien effective, qui consiste dans le malheur naturel de notre condition faible et mortelle, et si misĂ©rable que rien ne peut nous consoler, lorsque nous y pensons de plus prĂ©s. Quelque condition qu’on se figure, oĂč l’on assemble tous les biens qui peuvent nous appartenir, la royautĂ© est le plus beau poste du monde ; et cependant, qu’on s’en imagine accompagnĂ© de toutes les satisfactions qui peuvent le toucher, s’il est sans divertissement, et qu’on le laisse considĂ©rer et faire rĂ©flexion sur ce qu’il est, cette fĂ©licitĂ© languissante ne le soutiendra point, il tombera par nĂ©cessitĂ© dans les vues qui le menacent, des rĂ©voltes qui peuvent arriver, et enfin de la mort et des maladies qui sont inĂ©vitables ; de sorte que, s’il est sans ce qu’on appelle divertissement, le voila malheureux, et plus malheureux que le moindre de ses sujets, qui joue et qui se divertit. Blaise Pascal Explication dĂ©taillĂ©e du texte Phrase 1 Quand je m’y suis mis quelquefois Ă  considĂ©rer les diverses agitations des hommes et les pĂ©rils et les peines oĂč ils s’exposent, dans la cour, dans la guerre, d’oĂč naissent tant de querelles, de passions, d’entreprises hardies et souvent mauvaises, etc., j’ai dit souvent que tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir plus demeurer en repos dans une chambre
. [1° partie de la phrase] - Dans ce texte Pascal observe les hommes. Par dĂ©finition tout homme recherche le bonheur. C’est-Ă -dire qu’il recherche toujours ce qui est bon pour lui. Personne ne recherche volontairement son malheur[1]. Or si l’on observe les hommes - 1 Ceux-ci ont tendance Ă  s’agiter, c’est-Ă -dire Ă  poursuivre des activitĂ©s inutiles, sans vĂ©ritable intĂ©rĂȘt, qui ne conduisent Ă  rien. - 2 Ils ont tendance Ă  s’exposer aux pĂ©rils » et aux peines » et Ă  poursuivre volontairement des activitĂ©s qui leur sont souvent mauvaises » et nĂ©fastes et les rendent malheureux. Cette attitude est paradoxale. Comment expliquer que les hommes fassent volontairement leur malheur alors qu’ils devraient chercher leur bonheur ? [2° partie de la phrase] L’explication de ce paradoxe est Ă  rechercher dans l’incapacitĂ© des hommes Ă  rester seuls avec eux-mĂȘmes. Comment comprendre cette solitude insupportable Ă  l’homme ? Il nous faut rejeter un certain nombre d’interprĂ©tations fausses - 1 Ici il ne s’agit pas du fait que l’autre nous manque, que l’on serait incapable de rester tout seul et donc que l’on serait portĂ© Ă  rechercher la sociĂ©tĂ© des hommes avec tous les dĂ©sagrĂ©ments que cela implique comme l’illustre par exemple Schopenhauer avec sa fable des porcs-Ă©pics. - 2 Certains commentateurs voient dans l’explication du malheur de l’homme dans l’ennui. Cette explication n’est pas satisfaisante au regard de la phrase suivante si on en entend le mot ennui comme le fait de souffrir d’ĂȘtre inoccupĂ©. Si la solitude est insupportable aux hommes, ce n’est pas parce qu’ils se trouveraient dĂ©sƓuvrĂ©s ou inoccupĂ©s en l’absence de leurs semblables. Non mĂȘme seuls on peut imaginer que ces hommes continueront Ă  s’agiter pour ne pas faire face Ă  ce qui leur est insupportable. L’ennui n’est ici que le symptĂŽme d’un mal plus profond. Phrase 2 Mais quand j’ai pensĂ© de plus prĂšs, et qu’aprĂšs avoir trouvĂ© la cause de tous nos malheurs, j’ai voulu en dĂ©couvrir la raison, j’ai trouvĂ© qu’il y en a une, bien effective, qui consiste dans le malheur naturel de notre condition faible et mortelle, et si misĂ©rable que rien ne peut nous consoler, lorsque nous y pensons de plus prĂ©s. La solitude dont il est question ici est cette solitude existentielle de l’exister, que l’homme ressent mĂȘme lorsqu’il est en sociĂ©tĂ©. En effet comme le montre Emmanuel LĂ©vinas, personne ne peut faire l’expĂ©rience de l’exister Ă  notre place. Or pour Pascal exister c’est ĂȘtre misĂ©rable. Telle la condition de l’homme. Tel est le malheur naturel » de l’homme. Celui auquel nous ne pouvons remĂ©dier et dont rien ne peut nous consoler ». Cette phrase nous permet de soulever le paradoxe que nous avons relevĂ© plus haut. L’homme est un ĂȘtre vaniteux nous dit Pascal. Face Ă  la nature il se voit fort, puissant. Mais dĂšs qu’il y regarde de plus prĂšs », l’homme ne peut se rendre qu’à l’évidence qu’il n’est rien face Ă  l’immensitĂ© de l’univers. Il ne faut pas que l’univers entier s’arme pour l’écraser, une vapeur, une goutte d’eau suffit pour le tuer [2]». L’homme est mortel, faible, fragile. Il n’est rien face Ă  l’immensitĂ© de l’univers. Alors qu’il se veut immortel, fort, puissant, cette condition misĂ©rable est pour lui une perpĂ©tuelle humiliation qui le laisse inconsolable ». S’il ne peut y remĂ©dier, il ne lui reste comme solution que de travailler Ă  oublier sa condition. Tel est le sens du divertissement pascalien. Etymologie divertissement vient du latin divertere se dĂ©tourner de » Ainsi toutes les activitĂ©s humaines ne sont que divertissement, c’est-Ă -dire un moyen pour l’homme de se dĂ©tourner du spectacle misĂ©rable et insupportable de sa condition. Loin de conduire l’homme au bonheur, le divertissement n’est qu’une illusion de bonheur car il ne fait en dĂ©finitive qu’accentuer le malheur de l’homme qui s’agite et poursuit des activitĂ©s dans lesquelles il se met en pĂ©ril et en peine. Phrase 3 Quelque condition qu’on se figure, oĂč l’on assemble tous les biens qui peuvent nous appartenir, la royautĂ© est le plus beau poste du monde ; et cependant, qu’on s’en imagine accompagnĂ© de toutes les satisfactions qui peuvent le toucher, s’il est sans divertissement, et qu’on le laisse considĂ©rer et faire rĂ©flexion sur ce qu’il est, cette fĂ©licitĂ© languissante ne le soutiendra point, il tombera par nĂ©cessitĂ© dans les vues qui le menacent, des rĂ©voltes qui peuvent arriver, et enfin de la mort et des maladies qui sont inĂ©vitables ; de sorte que, s’il est sans ce qu’on appelle divertissement, le voila malheureux, et plus malheureux que le moindre de ses sujets, qui joue et qui se divertit. [Cette phrase est trĂšs longue. Il faut donc en repĂ©rer les articulations logiques .] Existe-t-il des hommes qui Ă©chappent Ă  une telle condition misĂ©rable ? L’opinion commune pense gĂ©nĂ©ralement que celui qui ne manque de rien, celui lĂ  est le plus heureux. Ainsi le roi qui possĂšde le pouvoir, la richesse les honneurs est gĂ©nĂ©ralement celui qui est le plus enviĂ© de tous. Pascal critique cette opinion et la rejette et cependant » le roi aussi, bien qu’il ne manque de rien, a besoin de divertissement. Le bonheur vĂ©ritable ne saurait ĂȘtre dans le fait de ne manquer de rien, dans la possession, du pouvoir, des honneurs, des richesses. Lui aussi a besoin de ce bonheur illusoire, de cette fĂ©licitĂ© languissante » qu’est le divertissement et il en a plus besoin que tout autre. Pascal dĂ©veloppe ici une thĂšse paradoxale[3] le roi est le plus malheureux des hommes. Pourquoi ? Tout d’abord parce qu’il n’échappe pas Ă  la condition humaine. Sur ce plan il est Ă  Ă©galitĂ© avec le dernier de ses sujets. D’autre part parce possĂ©dant le plus, il est aussi celui qui a le plus Ă  perdre - ce qui explique qu'il s'inquiĂšte des rĂ©voltes qui le menacent », et qui donc a le plus besoin de se divertir. ●Discussion Le texte ouvre des pistes mais ne suggĂšre aucune rĂ©ponse prĂ©cise Ă  la question qu’est-ce que le bonheur ? Comment l’homme peut-il ĂȘtre heureux ? La discussion qui suit l’explication de texte devra essayer de rĂ©pondre Ă  cette question. On pouvait s’appuyer sur le travail fait sur la pensĂ©e 127 L’homme est un roseau pensant » dans laquelle Pascal montre que malgrĂ© sa condition misĂ©rable, la grandeur de l’homme rĂ©side dans la pensĂ©e. C’est dans l’usage de la pensĂ©e que l’homme pourra accĂ©der au bonheur. [1] Ce postulat de dĂ©part est souvent utilisĂ© dans la philosophie antique. On retrouve cette idĂ©e dans la pensĂ©e 138 Tous les hommes recherchent d’ĂȘtre heureux. Cela est sans exception, quelques diffĂ©rents moyens qu’ils y emploient. Ils tendent tous Ă  ce but. Ce qui fait que les hommes vont Ă  la guerre et que les autres n’y vont pas est ce mĂȘme dĂ©sir qui est dans tous les deux accompagnĂ© de diffĂ©rentes vues. La volontĂ© ne fait jamais la moindre dĂ©marche que vers cet objet. C’est le motif de toutes les actions de tous les hommes, jusqu’à ceux qui vont se pendre. » [2][2] Extrait de la pensĂ©e 347 l’homme est un roseau pensant » [3] Paradoxe du grec para-doxa ce qui va Ă  l’encontre de l’opinion commune. Mots clĂ© solitude, divertissement, bonheur “L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature; mais c’est un roseau pensant. Il ne faut pas que l’univers entier s’arme pour l’écraser une vapeur, une goutte d’eau suffit pour le tuer. Mais quand l’univers l’écraserait, l’homme serait encore plus noble que ce qui le tue, parce qu’il sait qu’il meurt, et l’avantage que l’univers a sur lui, l’univers n’en sait rien” Blaise Pascal 1623-1662, extrait des pensĂ©es 1670 Voir aussi ——–> Cet article a Ă©galement Ă©tĂ© publiĂ© le samedi 25 avril 2015 sur L’opinion courante tend Ă  considĂ©rer que l’homme est en gĂ©nĂ©ral un ĂȘtre rationnel ses propos comme ses comportements et ses dĂ©cisions sont le fruit d’une pensĂ©e logique. S’il se met parfois Ă  dire et agir Ă  contresens, ce ne peut ĂȘtre que sous le coup d’une puissante Ă©motion telle que peur, colĂšre ou affection. Or depuis la fin des annĂ©es 1970, les sociologues et les psychologues tendent plutĂŽt Ă  considĂ©rer que si des erreurs systĂ©matiques et persistantes sont commises, elles sont aussi attribuables Ă  des dĂ©ficits cognitifs dont l’homme ne se rend pas compte. En particulier, la pensĂ©e intuitive, souvent en premiĂšre ligne, conduit Ă  des raccourcis simplificateurs qui forgent des partis pris nuisibles Ă  la capacitĂ© de jugement. Si l’homme est un roseau qu’une goutte d’eau peut terrasser, il a l’avantage, car il pense, de savoir qu’il meurt alors que la goutte d’eau n’a aucune idĂ©e de l’avantage qu’elle a sur l’homme, ainsi que nous le dit Blaise Pascal dans ses PensĂ©es. Cependant, sans nier l’extraordinaire et exclusive facultĂ© de penser de l’ĂȘtre humain, on constate que l’évolution du monde vers toujours plus de complexitĂ© fait que sa rationalitĂ© devient limitĂ©e. C’est la thĂ©orie qu’a dĂ©veloppĂ©e Herbert Simon 1916-2001, Ă©conomiste et sociologue amĂ©ricain titulaire du prix Turing 1975 et du Prix Nobel d’économie 1978. Selon lui, le monde est vaste et complexe tandis que le cerveau humain et sa capacitĂ© de traitement de l’information sont comparativement trĂšs limitĂ©s. En consĂ©quence, les prises de dĂ©cision ne sont plus tant rationnelles qu’un constant effort pas toujours atteint vers la rationalitĂ©. Le nouveau concept de rationalitĂ© limitĂ©e mis en Ă©vidence par Herbert Simon dĂ©clencha d’abondantes recherches sur les biais cognitifs, en particulier les travaux de Tversky et Kahneman, et sur les dĂ©cisions absurdes. Dans cet article, pour lequel j’ai utilisĂ© les sources * dĂ©taillĂ©es ci-dessous, j’aimerais en prĂ©senter une sĂ©lection, mĂ©lange de phĂ©nomĂšnes frĂ©quents et de curiositĂ©s Ă  connaĂźtre. Il me semble utile, au quotidien comme dans la vie professionnelle, de prendre conscience des piĂšges dans lesquels notre raisonnement peut tomber et de pouvoir compter rapidement sur quelques garde-fous. Parmi ceux-ci, la prĂ©sence Ă  nos cĂŽtĂ©s d’un avocat du diable » qui prend systĂ©matiquement le contrepied de tout ce qu’on dit est incroyablement irritante mais comporte l’énorme avantage de nous aider Ă  prendre conscience de nos faiblesses argumentatives. La loi des petits nombres Nous sommes intuitivement d’assez bons grammairiens. DĂšs l’ñge de quatre ou cinq ans, nous nous plions sans problĂšme aux principales rĂšgles de grammaire sans mĂȘme les connaĂźtre. Par contre, nous sommes intuitivement de mauvais statisticiens. N’en soyons pas trop dĂ©solĂ©s, mĂȘme les personnes dont c’est le domaine d’expertise se trompent ainsi que l’a montrĂ© Kahneman suite Ă  une petite expĂ©rience assez amusante avec des professeurs de mathĂ©matique spĂ©cialistes des statistiques. La loi des petits nombres consiste Ă  oublier que les petits Ă©chantillons prĂ©sentent des rĂ©sultats extrĂȘmes plus souvent que les grands Ă©chantillons. C’est une mise en garde vis-Ă -vis des sondages avant mĂȘme de s’intĂ©resser au message du sondage X serait réélu avec 60 % des voix au second tour devant Y » il importe de vĂ©rifier la taille de l’échantillon et de s’intĂ©resser aux informations de fiabilitĂ© du sondage, chose que notre cerveau tend trop facilement Ă  oublier face au message principal. Cette Loi des petits nombres vaut aussi dans le temps. Ce n’est pas parce qu’une crue est centennale qu’elle ne pourra pas se produire deux annĂ©es de suite. Par contre, ces deux annĂ©es de suite forment un trop petit Ă©chantillon pour qu’on puisse en dĂ©duire quoi que ce soit sur la pĂ©riodicitĂ© de la crue. L’effet d’ancrage L’exemple donnĂ© par Kahneman est particuliĂšrement explicite. Il demanda Ă  des Ă©tudiants de faire tourner une roue de la fortune qui s’arrĂȘtait uniquement sur les chiffres 10 et 65, puis de noter les rĂ©ponses. Ensuite il leur posa deux questions Le pourcentage de pays d’Afrique aux Nations-Unies est-il supĂ©rieur ou infĂ©rieur aux chiffres que vous venez de noter ? Quel est selon vous le pourcentage de pays d’Afrique aux Nations-Unies ? On se doute que les Ă©tudiants auraient dĂ» ignorer complĂštement les rĂ©sultats de la roue de la fortune qui n’ont rigoureusement aucun rapport avec les pays membres de l’ONU. Et pourtant, ce ne fut pas le cas. Les estimations des Ă©tudiants Ă©taient ancrĂ©es » autour de 10 et 65. Cet effet d’ancrage survient lorsque l’on considĂšre une valeur particuliĂšre avant d’estimer une valeur inconnue. Exemple concret de la vie courante une nĂ©gociation immobiliĂšre. Que vous soyez acheteur ou vendeur, le mieux est d’annoncer un montant en premier. La partie adverse aura beaucoup de mal Ă  dĂ©placer la nĂ©gociation de ce niveau prĂ©-indiquĂ©. La rĂ©gression vers la moyenne C’est l’histoire d’une sĂ©rie alĂ©atoire de manoeuvres aĂ©riennes acrobatiques. L’instructeur a remarquĂ© que lorsqu’il fĂ©licite un Ă©lĂšve qui vient de faire une excellente performance, sa tentative suivante est ratĂ©e. Par contre, lorsqu’il souffle dans les bronches d’un Ă©lĂšve qui a ratĂ© l’exercice, la manoeuvre suivante est bien meilleure. D’oĂč il conclut qu’il ne faut pas fĂ©liciter mais rĂ©primander. En rĂ©alitĂ©, l’instructeur n’a pas tenu compte du caractĂšre alĂ©atoire des sĂ©ries acrobatiques rĂ©alisĂ©es par les Ă©lĂšves, et il donne beaucoup trop de poids Ă  ses interventions. Statistiquement, lorsqu’un Ă©lĂšve rate lourdement un exercice, il a toutes les chances de le rĂ©ussir mieux la fois suivante. De mĂȘme, lorsque la manoeuvre est parfaitement exĂ©cutĂ©e, les chances de la reproduire Ă  l’identique Ă  l’essai suivant sont faibles. C’est ce qu’on appelle le retour Ă  la moyenne. Le phĂ©nomĂšne des rĂ©compenses n’a rien Ă  voir avec ça. Cela veut dire notamment que le talent n’est jamais un Ă©lĂ©ment explicatif unique. La chance entre aussi en compte. Le phĂ©nomĂšne de la rĂ©gression vers la moyenne illustre particuliĂšrement bien une des difficultĂ©s de notre cerveau il tend Ă  vouloir trouver des causalitĂ©s partout alors qu’il n’y a souvent rien d’autre Ă  considĂ©rer qu’un alĂ©a statistique. Comme pour les blĂąmes et les rĂ©compenses de l’instructeur ci-dessus, nous sommes pris au piĂšge d’une contingence malheureuse. C’est triste Ă  penser, mais si l’on tend Ă  se montrer aimable avec les gens quand ils nous sourient et au contraire Ă  leur faire grise mine quand ils nous snobent, la rĂ©gression vers la moyenne implique automatiquement que nous seront rĂ©compensĂ©s de notre attitude hostile et pĂ©nalisĂ©s pour notre gentillesse. Le biais de la disponibilitĂ© en mĂ©moire Il s’agit de la tendance Ă  privilĂ©gier les Ă©vĂšnements rĂ©cents ou ceux qui nous viennent le plus facilement Ă  l’esprit, puis de bĂątir autour d’eux toute une histoire sans tenir compte d’évĂ©nements plus anciens. Ce biais est renforcĂ© lorsque l’évĂšnement en question nous affecte Ă©motionnellement. Nos gouvernements ne sont pas Ă  l’abri de ce genre de biais, en tout cas ils l’utilisent volontiers pour faire passer des lois sous le coup de l’émotion des populations aprĂšs un Ă©vĂ©nement trĂšs perturbant. Ah tiens, je pense tout Ă  fait par hasard au projet de Loi Renseignement. C’est peut-ĂȘtre une explication possible de l’adhĂ©sion assez massive des Français Ă  cette loi inutile et liberticide. Le pont de la riviĂšre Kwai Cette histoire de Pierre Boulle Ă©galement auteur du livre La PlanĂšte des Singes portĂ©e au cinĂ©ma par David Lean avec l’inoubliable Alec Guinness dans le rĂŽle du colonel Nicholson, est un exemple intĂ©ressant de dĂ©cision absurde. On dĂ©finit gĂ©nĂ©ralement cette derniĂšre comme Ă©tant une action radicale et persistante contre le but qu’on veut atteindre. L’absurditĂ© dĂ©coule de la contradiction interne. Le colonel anglais Nicholson, prisonnier en pleine jungle birmane avec ses soldats dans un camp japonais, rĂ©siste hĂ©roĂŻquement aux traitements inhumains que le colonel japonais SaĂŻto lui inflige afin de le faire cĂ©der Ă  ses prĂ©tentions de faire travailler aussi les officiers prisonniers sur un projet de pont enjambant la riviĂšre Kwai. C’est interdit par les conventions internationales et Nicholson ne compte pas s’y plier. Les hommes soutiennent leur colonel et le chantier n’avance pas. SaĂŻto finit par renoncer Ă  enrĂŽler les officiers, tandis que Nicholson, fort de sa victoire et fier du gĂ©nie militaire anglais face aux difficultĂ©s des ingĂ©nieurs japonais, soucieux Ă©galement d’occuper ses soldats, se met Ă  concevoir un pont et un plan de travaux qu’il propose Ă  son homologue japonais. Le pont sera construit sous les directives Ă©clairĂ©es de Nicholson au bĂ©nĂ©fice de l’ennemi. Le colonel anglais a tellement perdu de vu son but initial – le devoir de tout prisonnier de causer le plus de problĂšmes possibles aux autoritĂ©s du camp – il s’est tellement investi dans la construction du pont, qu’il ira jusqu’à s’interposer contre le commando alliĂ© chargĂ© de le faire sauter, et y perdra la vie. Vol British Midland Airways entre Londres et Belfast 1989 Quinze minutes aprĂšs le dĂ©collage, le Boeing 737 qui assure chaque soir la liaison entre Londres et Belfast se met Ă  vibrer bruyamment et de la fumĂ©e entre dans l’habitacle avec une forte odeur de brĂ»lĂ©. Les passagers assis Ă  l’arriĂšre de l’appareil voient nettement des flammes et des Ă©clairs sortir du rĂ©acteur. Il s’agit du moteur numĂ©ro 1 situĂ© Ă  gauche. Dans le cockpit, les pilotes sentent l’odeur de brĂ»lĂ© et perçoivent les vibrations. Compte tenu du circuit d’air conditionnĂ©, le commandant fait intĂ©rieurement l’hypothĂšse que c’est le moteur numĂ©ro 2 situĂ© Ă  droite qui est atteint. Le copilote observe les instruments de navigation et Ă  la question du commandant de savoir quel moteur est atteint il rĂ©pond It’s the le
it’s the right one. » Le commandant ordonne immĂ©diatement que le moteur 2 soit mis au ralenti. Les pilotes ont l’impression que les vibrations s’attĂ©nuent. Le commandant ordonne alors l’arrĂȘt complet du moteur 2 situĂ© Ă  droite, alors que c’est le moteur numĂ©ro 1 situĂ© Ă  gauche qui est en train de rendre l’ñme. Devant la panique des passagers, le commandant de bord fait une annonce pour les informer que le rĂ©acteur de droite a Ă©tĂ© endommagĂ©, ce qui a produit de la fumĂ©e, mais qu’il a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© et qu’ils vont atterrir dans quelques minutes. Les passagers qui ont vu les Ă©tincelles Ă  gauche sont stupĂ©faits et discutent entre eux, mais aucun n’ose porter cette contradiction Ă  l’attention gĂ©nĂ©rale. Les pilotes s’apercevront de leur erreur et tenteront de remettre en marche le moteur 2, mais trop tard. L’avion s’écrase, faisant 47 morts et 84 blessĂ©s graves. Cette affaire illustre non seulement une dĂ©cision absurde, mais peut-ĂȘtre surtout l’attitude silencieuse des non-experts dĂ©tenteurs d’informations vitales face Ă  des experts en rupture de sens. On pourrait citer des histoires similaires en mer ou en montagne, dans lesquelles la notion du skipper ou du guide seul maĂźtre aprĂšs Dieu » est un facteur aggravant du risque. Actuellement, les compagnies de guides, aussi bien en Suisse ou en Italie qu’en France, commencent Ă  adopter de nouvelles rĂšgles de prise de dĂ©cision dans des situations graves. Il revient au guide de faire part de ses inquiĂ©tudes Ă  sa cordĂ©e, mais les alpinistes sont tous invitĂ©s Ă  prendre la parole pour donner leur avis sur la poursuite de la course, l’attente ou le repli. L’information doit ĂȘtre partagĂ©e et la dĂ©cision finale prise en commun. L’exemple du vol Londres Belfast montre bien que si le processus de dĂ©cision avait prĂ©vu de stimuler la remontĂ©e d’information des passagers aux pilotes, l’accident aurait pu ĂȘtre Ă©vitĂ©. Dans le mĂȘme ordre d’idĂ©e, certaines compagnies aĂ©riennes donnent maintenant le pilotage au moins expĂ©rimentĂ© des pilotes afin que l’autre pilote, plus gradĂ©, n’ait pas peur de lui faire des remarques. Mais au fait, j’y pense, que dire du projet de Loi Renseignement qui vient d’entrer en examen Ă  l’AssemblĂ©e nationale ? Les mĂ©dias et les rĂ©seaux sociaux ont abondamment montrĂ© que si son objectif est bien de lutter contre le terrorisme en donnant des moyens de surveillance illimitĂ©s aux services de renseignement, cette loi qui se veut fiable Ă  99 % est totalement inutile. Elle aboutit Ă  faire surveiller tout le monde, Ă  inquiĂ©ter 10 innocents pour 1000 habitants et Ă  laisser filer les terroristes actifs qui n’auront aucun mal Ă  passer sous les radars. La persistance du gouvernement et le soutien reçu d’un nombre non nĂ©gligeable de dĂ©putĂ©s de l’opposition relĂšvent-ils de biais cognitifs, de dĂ©cisions absurdes ou de malignitĂ© volontaire ? * Sources Christian Morel Les dĂ©cisions absurdes, Editions Gallimard, 2002. Christian Morel est cadre dirigeant d’une grande entreprise et mĂšne une rĂ©flexion sociologique sur la nĂ©gociation et la dĂ©cision. Mintzberg, Ahlstrand, Lampel, Strategy Safari, chapter 6 the cognitive school, Pearson Education, 1998, 2009. Henry Mintzberg Mintzberg141 est un chercheur canadien en management et thĂ©orie des organisations. Daniel Kahneman SystĂšme 1 SystĂšme 2 Les deux vitesses de la pensĂ©e Thinking, fast and slow, Flammarion, 2012. Daniel Kahneman a reçu le prix Nobel 2002 pour ses thĂ©ories sur le jugement et la prise de dĂ©cision. Photo de couverture © Tomfry – Pourtant, seul parmi les ĂȘtres vivants, l'Homme s'interroge sur sa nature et sur la valeur de ses actes. La question du " propre de l'homme ", au cƓur... Lire la suite 7,70 € Neuf Poche DĂ©finitivement indisponible 7,70 € Ebook TĂ©lĂ©chargement immĂ©diat 16,99 € Grand format Actuellement indisponible 21,00 € DĂ©finitivement indisponible Pourtant, seul parmi les ĂȘtres vivants, l'Homme s'interroge sur sa nature et sur la valeur de ses actes. La question du " propre de l'homme ", au cƓur de la problĂ©matique philosophique depuis des millĂ©naires, est ici revisitĂ©e Ă  l'aide des donnĂ©es croisĂ©es de la thĂ©orie de l'Ă©volution, de la gĂ©nĂ©tique et des sciences cognitives. A travers cette approche pluridisciplinaire, Axel Kahn nous livre son analyse, Ă  la fois Ă©rudite et accessible Ă  tous. L'autre, l'Ă©tranger, l'ennemi L'ami, l'amant, les siens L'animal de vĂ©ritĂ© Evolution et beautĂ© Homo Ɠconomicus LibertĂ©, libertĂ© chĂ©rie Rire, pleurer, croire et mourir Heureux comme un poisson dans l'eau Date de parution 03/01/2008 Editeur Collection ISBN 978-2-266-17987-4 EAN 9782266179874 Format Poche PrĂ©sentation BrochĂ© Nb. de pages 316 pages Poids Kg Dimensions 11,0 cm × 18,0 cm × 1,3 cm Biographie d'Axel Kahn Chercheur de renommĂ©e internationale, Axel Kahn est docteur en mĂ©decine et docteur Ăšs sciences, gĂ©nĂ©ticien, directeur de recherche Ă  l'INSERM et directeur de l'institut Cochin. Il a Ă©tĂ© membre du ComitĂ© consultatif national d'Ă©thique durant douze annĂ©es et a prĂ©sidĂ© la Commission du gĂ©nie biomolĂ©culaire en France, ainsi que le Groupe des experts en sciences de la vie Ă  Bruxelles. Il est notamment l'auteur de Et l'homme dans tout ça ? 2000, Raisonnable et humain ? 2004, Le secret de la salamandre avec Fabrice Papillon, 2005 et L'homme, ce roseau pensant 2007 tous parus chez NiL Ă©ditions. 403 ERROR The Amazon CloudFront distribution is configured to block access from your country. We can't connect to the server for this app or website at this time. There might be too much traffic or a configuration error. Try again later, or contact the app or website owner. If you provide content to customers through CloudFront, you can find steps to troubleshoot and help prevent this error by reviewing the CloudFront documentation. Generated by cloudfront CloudFront Request ID yeUhPW3k-A46WC0GMJlPAdJSXwnu2mPy37xxm8hSagrPnAhTeirz-g==

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